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La pose des diffuseurs de phéromones : un chantier important

« Le plus important, c'est de respecter les 500 diffuseurs par hectare »

La pose des diffuseurs de phéromones, dans le cadre de la confusion sexuelle contre Eudémis et Cochylis, est un véritable « chantier », mais un chantier fédérateur. La pose demande un travail important de réflexion en amont et le jour « J », une mobilisation de tous pour garantir la réussite de la protection. Témoignage en Val de Loire, où des viticulteurs se préparent pour le jour « J ».

Le positionnement des diffuseurs est préconisé avant le début du premier vol sur une surface, de préférence, supérieure à cinq hectares…Car « en deçà, la probabilité que des femelles fécondées à l’extérieur du dispositif viennent pondre dans la zone protégée est élevée et le surcoût dû à la zone tampon est trop conséquent », précise Denis Thiéry, chercheur à l’Inra de Bordeaux.

L’idée est en effet de créer « un véritable ‘mur’ de phéromones », afin de saturer l’atmosphère, et ainsi éviter que les papillons ne pénètrent dans la zone. « Le plus important est de respecter le nombre de 500 capsules à l’hectare, rappelle Sébastien Beauvallet, animateur des équipes terrain à la Capl (Coopérative agricole Pays de Loire). Il ne faut pas essayer ‘d’économiser’ sur ce point, car c’est ce qui est le plus important dans la réussite du dispositif ! ».

La Capl est en effet sur le point de poser 85 ha supplémentaires de diffuseurs ( Rak 1+2 ) sur le secteur de la commune de Saint-Lambert du Lattay, la pose étant prévue fin avril 2010. Ces 85 hectares s’ajouteront aux 50 hectares déjà confusés sur cette zone. « Nous étions dans un contexte où les surfaces déjà couvertes ont bien fonctionné l’an dernier, avec une pression importante des vers de la grappe, surtout des vols de première génération, poursuit Sébastien Beauvallet. Les viticulteurs étaient donc partants pour augmenter les surfaces cette année. Nous avons fait le choix de sélectionner plutôt des parcelles où la pression était modérée, pour éviter des risques d’échec ».

Faire le mur…de phéromones

Les techniciens de la coopérative se sont donc déplacés tout l’hiver à la rencontre des viticulteurs, de leurs voisins, pour petit à petit convaincre tout le monde : « Les gens sont à l’écoute de ce genre de technique, ils ont désormais pour la plupart pris conscience qu’il fallait diminuer l’utilisation des produits phytosanitaires ».

Ce seront donc cette année 49 viticulteurs convaincus, qui vont se lancer dans l’aventure, en engageant des surfaces pouvant aller de 20 ares à 22 ha. La taille des îlots constitués va de 7 hectares à 25-30 hectares.

A l’idéal, la forme de l’îlot doit être carrée : « Il faut éviter au maximum la forme trop rectangulaire pour les îlots, car il y a alors trop de bordures et la protection est vouée à l’échec. L’idéal est d’arriver à un îlot de 10 hectares, de forme carrée, et entouré de chemins ou de routes pour bien couper les secteurs ! » conseille l’animateur. « Nous en sommes maintenant à 150 ha couverts sur les 550 ha que compte cette zone de Saint-Lambert, ce qui commence à représenter un ‘bon taux’ , poursuit fièrement Sébastien Beauvallet. Ces diffuseurs seront posés courant avril, une cinquantaine de personnes se mobiliseront sur la journée… à raison de 0,70 ha par heure, il faut bien cela ! ».

Un chef d’équipe encadrera sur chaque îlot une dizaine de poseurs, et les diffuseurs seront disposés en quinconce, tous les 5 ou 6 ceps, un rang sur deux, plutôt sur le cep que sur le fil. Pour les bordures, les techniciens ont prévu de doubler le nombre de capsules, soit une capsule tous les deux ou trois ceps, afin de créer ce fameux « mur de phéromones ». Un repas festif ponctuera la journée : « C’est aussi une bonne occasion conviviale, de se voir, d’échanger entre viticulteurs, techniciens : une sorte d’émulation se crée ! La confusion sexuelle c’est aussi une autre manière d’aborder la protection de la vigne : elle doit se faire d’une manière collective et non plus individuelle. Elle nécessite donc aussi de la part des viticulteurs une démarche ‘intellectuelle’».

A gauche :
plan cadastral d’un secteur complètement couvert en confusion sexuelle, à l’Est de la commune de Saint-Lambert du Lattay (zone d’habitations sur la gauche). Les parcelles en couleur correspondent aux parcelles sous confusion sexuelle, les différentes couleurs représentant les différents viticulteurs concernés. Enfin les parcelles non coloriées sont des pâtures.

En savoir plus sur les bonnes pratiques

La lutte insecticide par confusion sexuelle est autorisée en Suisse depuis vingt-cinq ans. Aujourd’hui, elle est utilisée avec succès sur près de 90% des vignobles dans le Valais et le canton de Vaud.

La pose des diffuseurs de phéromones, dans le cadre de la confusion sexuelle contre Eudémis et Cochylis, est un véritable « chantier », mais un chantier fédérateur. La pose demande un travail important de réflexion en amont et le jour « J », une mobilisation de tous pour garantir la réussite de la protection.

Depuis 2015, BASF mène une étude sur les populations d’insectes présents dans les vignobles français. Les premiers résultats montrent que la combinaison d’infrastructures écologiques (haies, enherbements, jachères…) et de la lutte par confusion sexuelle (Rak®) permet de favoriser le développement des insectes auxiliaires de la vigne.

Ingénieur Conseil Environnement, Valérie Joulia-Guignard a supervisé pour la moitié sud de la France l’étude menée pendant trois ans par BASF pour évaluer l’effet de la lutte par confusion sexuelle sur l’entomofaune auxiliaire de la vigne. Elle nous en présente les enjeux et les premiers enseignements.

En savoir plus sur la lutte insecticide par confusion sexuelle

La confusion sexuelle est une méthode de protection insecticide de la vigne qui vise à perturber l’activité sexuelle des ravageurs de la grappe...

Utilisés depuis une vingtaine d’années en France, les diffuseurs de phéromones Rak® ne cessent d’être améliorés afin d’augmenter leur efficacité et de réduire leur prix. Présentation de ces solutions et recommandations d’utilisation.

L’utilisation de phéromones pour lutter contre les vers de la grappe se répand dans les vignobles. La pause des diffuseurs au début du printemps est l’occasion de rappeler que cette substance naturelle reste un produit phytosanitaire, donc actif, et qu’elle doit être manipulée avec quelques précautions.

A partir de début à mi-mai, il est recommandé de procéder à un comptage des glomérules contruits par les larves pour se faire une idée de l’importance de la population d’eudémis et de cochylis. Dans le cadre de la confusion sexuelle par exemple, au-delà de 30% des inflorescences touchées, il est nécessaire de prévoir un traitement insecticide classique pour abaisser la population de la 2ème génération à un niveau contrôlable par la solution Rak®.

En savoir plus sur les ravageurs de la vigne

La cicadelle (Scaphoideus titanus) est un ravageur redouté des viticulteurs car elle est le vecteur de la flavescence dorée, une maladie de quarantaine qui peut entraîner l’arrachage de la parcelle.

La cochylis (Eupoecilia ambiguella) est un lépidoptère appartenant à la famille des tordeuses. On l’appelle communément tordeuse ou ver de la grappe. Les chenilles de deuxième génération perforent les grains de raisin, favorisant l’installation de la pourriture grise et d’autres pourritures secondaires.

L’eudémis (Lobesia botrana) est un lépidoptère appartenant, comme la cochylis, à la famille des tordeuses ou vers de la grappe. Elle se comporte comme elle et provoque les mêmes dégâts.

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