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L’oïdium de la vigne : une maladie insidieuse aux conséquences redoutables

L’oïdium (Erysiphe necator) est une maladie cryptogamique encore mal connue. Peu visible à ses débuts, difficile à contrôler une fois installée, son impact peut être considérable aussi bien en termes de rendement que de qualité. Cycle de développement, conditions favorables, symptômes, dégâts : ce qu’il faut savoir de l’oïdium de la vigne pour mieux le combattre.

Biologie de l'oïdium de la vigne

L’oïdium est une maladie cryptogamique qui se développe à la surface des organes verts de la vigne. La contamination primaire commence dès la reprise de végétation. Le champignon responsable, Erysiphe necator, de la division des ascomycètes, apprécie les atmosphères chaudes et humides.

Conservation hivernale et contamination primaire

L’oïdium se conserve en hiver sous deux formes différentes selon les régions et, probablement, selon les cépages.

  • Sous forme de mycélium (en vert sur le schéma) : dès la reprise de végétation, le mycélium présent dans les bourgeons dormants reprend son activité et contamine la jeune pousse pour former un « drapeau ». Le rameau prend alors un aspect rabougri et ses feuilles se crispent. C’est de là que seront émises les conidies (spores issues de la multiplication végétative), lesquelles constitueront l’une des formes d’inoculum primaire. Courant dans le Sud de la France, ce faciès est bien visible sur cépage Carignan.
  • Sous forme de cléistothèces (en rouge sur le schéma) : présents en fin de saison végétative, les cléistothèces (organes reproducteurs sphériques fermés) passent l’hiver dans les écorces. Au printemps, ils éclatent sous l’action de la pluie : les ascospores sont alors éjectées et disséminées par le vent. Elles constituent l’autre forme d’inoculum primaire, présente dans tous les vignobles.

Contamination secondaire

Ces deux formes d’inoculum vont produire des spores, lesquelles seront à leur tour sources d’inoculum secondaire. En effet, au contact d’un tissu réceptif (jeune feuille, pétiole, etc.), la spore émet un tube germinatif au bout duquel se forme un appressorium (renflement). Celui-ci émet un haustorium (suçoir), qui traverse la cuticule pour prélever des nutriments. Il se forme alors un hyphe (filament), qui se ramifie et colonise la surface du végétal (ectoparasitisme), en même temps que se forment d’autres suçoirs.

Des conidiophores apparaissent ensuite sur les filaments mycéliens. Ils donneront bientôt de nouvelles conidies (spores issues de la multiplication végétative). Le cycle est bouclé.

Conditions favorables à la contamination de la vigne par l’oïdium

L’oïdium se développe rapidement dès que les températures deviennent supérieures à 12°C (optimum vers 25°C) et quand l’humidité relative est comprise entre 40 et 100%. En revanche, l’eau libre et la lumière intense gênent la germination des spores et le développement du mycélium.

(source infographie : ministère de l’Agriculture du Canada)

Organes cibles de contamination

Tous les organes herbacés de la vigne sont sensibles aux contaminations. Les feuilles sont d’autant plus sensibles qu’elles sont jeunes. Les jeunes grappes sont aussi très sensibles mais les baies voient leur réceptivité diminuer au fur et à mesure de leur développement : dès que leur teneur en sucre atteint 8%, elles ne peuvent plus être contaminées. Toutefois, si elles ont été contaminées antérieurement, le parasite continue à sporuler tant que la teneur en sucre est inférieure à 15%.

Symptômes de l'oïdium de la vigne

L’oïdium affecte tous les organes herbacés de la vigne. Jeunes pousses, feuilles, grappes : apprenez à détecter les indices de la présence de cette maladie de la vigne.

  • Au moment du débourrement, on observe un ralentissement de la croissance, accompagné d’un raccourcissement des entre-nœuds et d’une crispation des feuilles. Un duvet blanc peut apparaître sur les cépages les plus sensibles. On parle de symptômes « drapeau ».

  • L’oïdium se manifeste d’abord par des tâches huileuses (semblables à celles du mildiou ) et par des petites taches poussiéreuses, puis un noircissement des nervures sur la face inférieure.

  • Apparaît ensuite au niveau de ces taches un feutrage grisâtre sur la face supérieure de la feuille (voire inférieure aussi pour les cépages sensibles), tandis que les bords du limbe se crispent.

  • Les fleurs contaminées par l’oïdium se dessèchent et tombent. Les grains se couvrent dès la nouaison d’un feutrage blanc. Par la suite, ils se nanifient et se couvrent d’une poussière grisâtre, leur peau se fendille et éclate, laissant apparaître les pépins.

  • L’éclatement de la baie favorise alors des écoulements de jus et le développement du botrytis . Une forte odeur de moisissure se dégage des grappes malades.

  • Avant l’aoûtement, on peut observer la présence taches brunes qui vont évoluer vers le rouge et prendre la forme d’une étoile après l’aoûtement. A l’automne, des boursouflures foncées apparaissent sur les sarments contaminés : ce sont les cleïstothèces.

Nuisibilité de l'oïdium de la vigne

Depuis de nombreuses années, BASF et le Groupe ICV (lnstitut coopératif du vin) mènent des études pour mesurer les effets des attaques d’oïdium sur le rendement de la vigne et sur la qualité des vins. Les résultats sont sans ambigüité : les pertes de rendement, souvent sous-estimées, peuvent être très importantes ; en outre, il suffit d’un faible nombre de grappes très touchées pour provoquer des défauts majeurs sur la qualité organoleptique des vins.

  • L’oïdium peut avoir un impact quantitatif très important sur la récolte, mais il est souvent sous-estimé. En effet, les symptômes sur grappe ne sont pas tous visibles au moment de la récolte. Si l’on repère facilement les grains éclatés et les baies nanifiées, on a du mal à évaluer les pertes dues aux attaques précoces de l’oïdium au moment de la floraison : coulures et chute de bouquets floraux.

  • Chaque bouquet pouvant comporter de 5 à 10 fleurs, la perte de rendement est au minimum de cinq baies par bouquet tombé. « Une attaque de 30% au moment de la floraison peut avoir un impact de 70 à 80% à la vendange ! »

  • BASF et l’Institut coopératif du vin ont réussi à établir des seuils de nuisibilité de l’oïdium sur la qualité du vin.

  • A partir de 5% de grappes très touchées, c’est-à-dire comportant plus de 40% de baies touchées, on commence à avoir un préjudice sur la qualité du vin.

L’oïdium modifie profondément la composition du raisin. Il fragilise la pellicule, réduit la photosynthèse et nanifie les grains. Résultat ? Un pH des jus plus élevé, l’apparition de composés phénoliques indésirables et la modification de la qualité organoleptique des vins, qu’ils soient rouges ou blancs.

Qualité du vinGrappes peu touchéesGrappes très touchées
Excellent<5%0%
Bon<30%0%
Correct <5%
Dégradé <10%
Très dégradé >10%

Le groupe ICV et BASF ont mis au point une grille de décision pour aider le vinificateur au moment de la récolte, vis-à-vis du pourcentage d’attaque d’oïdium sur grappes : seules les grappes très touchées à la récolte nuisent à la qualité.

Le profil sensoriel – donc la spécificité du vin – est altéré avec, pour le dégustateur :

  • en matière d’arômes, la réduction des arômes fruités et confitures au profit d’arômes désagréables : moisi, animal, végétal…

  • en matière de goût, l’augmentation des goûts tanniques, astringents, amers et secs.

Au-delà de 10% de grappes très touchées, l’impact de cette maladie de la vigne est très marqué et ne peut pas être corrigé à la cave.

Avec des grappes peu touchées, en revanche, le seuil de tolérance est plus élevé : jusqu’à 30%, on a peu d’impact sur la qualité finale. « Le zéro défaut n’est pas indispensable pour le vinificateur, assure Jacques Rousseau. Ce n’est pas le cas avec le botrytis pour lequel il n’y a pas de seuil de tolérance. »

En savoir plus

une maladie à ne pas sous-estimer

Seuils de nuisibilité, historique de la parcelle, date du premier traitement, qualité des produits, qualité de la pulvérisation…

La lutte contre l'oïdium ne doit pas s'arrêter au critère « coût du programme »... Une étude menée conjointement par BASF et l’Institut Coopératif du Vin révèle tout l'intérêt d'une stratégie intégrant produits performants et dates d'application.

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