« Afin de baisser les IFT, nous recommandons dans les programmes herbicides, l’emploi de produits efficaces et réguliers, composés de dmta-P. Les doses sont à ajuster selon les niveaux d’infestations et le type de sol. Pour aller plus loin dans la réduction des quantités d’herbicide à l’hectare, notamment dans les zones de captage d’eau potable, l’herbisemis en localisé donne satisfaction. Il peut être complété par rattrapage chimique ou un binage dans la mesure où les conditions de mise en œuvre sont favorables à cette intervention mécanique. »
Désherbage durable du maïs : réduire l’IFT grâce aux itinéraires innovants, c’est possible !
Quelle stratégie de désherbage déployer en maïs pour protéger la ressource en eau tout en maintenant la performance économique de la culture ? Grâce à une combinaison de solutions, les itinéraires innovants répondent aux objectifs de l’agroécologie. La réduction de l’Indice de fréquence de traitement est obtenue avec la modification des techniques culturales et le recours au désherbage mixte.
Désherbage du maïs et protection de la ressource en eau
Les plans d’actions agricoles mis en œuvre sur les aires d’alimentation des captages d’eau potable dits « prioritaires »* visent un net repli des utilisations de produits phytosanitaires.
Face à ces enjeux, quelles techniques de désherbage adopter pour réussir sa culture, assurer un bon rendement et obtenir le meilleur résultat économique possible ? En s’appuyant sur l’agronomie, la génétique, les techniques culturales adaptées, le désherbage combiné et en intégrant les bonnes pratiques d’utilisation des herbicides, les itinéraires innovants répondent aux objectifs de l’agroécologie.
Un changement de système de désherbage ne s’effectue pas sans risque économique pour les agriculteurs. « Seule la théorie des petits pas, permet d’aller plus loin, explique Valérie Joulia-Guignard, ingénieur Conseil environnement Sud. Elle implique d’étudier en amont, les moyens pour diminuer la pression des adventices afin d’alléger les programmes de désherbage et de mettre en place des pratiques adaptées à chaque exploitation, ajustées selon l’année. Notre souhait est de partager avec tous les acteurs de la filière maïs, les indicateurs économiques et environnementaux recueillis à partir de ces itinéraires de désherbage durable que nous conduisons avec les agriculteurs.»
Désherbage du maïs et protection de l’eau, les pratiques pour aller plus loin
Pour accompagner les maïsiculteurs dans le changement de leurs pratiques de désherbage, nous expérimentons des stratégies innovantes fondées sur les principes de l’agroécologie : la génétique, les techniques culturales et l’agronomie. Nos itinéraires concilient la baisse des usages d’herbicides avec le maintien de la rentabilité de la culture.
Le désherbage mixte pour réduire les IFT en maïs
Le recours à la technique de l’herbisemis en localisé sur le rang est l’axe privilégié dans nos itinéraires durables. Cette pratique de désherbage mixte est facile à mettre en œuvre grâce à des buses spécifiques adaptées sur le semoir. Elle permet de sécuriser le désherbage sur le rang et évite la concurrence des adventices.
En positionnant le produit sur le rang, la quantité de matière active utilisée à l’hectare est divisée par deux.
Si après un désherbage localisé au moment du semis, un complément est nécessaire en raison du salissement de l’inter-rang, un rattrapage chimique ou un binage du maïs sera à programmer. La réussite du binage reste dépendante des conditions climatiques de l’année.
Selon les essais conduits par Arvalis**, après un désherbage en localisé sur le rang de semis, ce sont « les stratégies qui enchainent un binage rattrapé par un dernier passage chimique qui offrent la plus grande régularité. Terminer par un rattrapage chimique sécurise grandement le désherbage en limitant les relevées et en régularisant l’efficacité globale sur l’inter-rang ».
À savoir sur le binage
Pour être réussi, le binage doit être pratiqué sur adventices jeunes et en l’absence de vivaces. Le sol doit être ressuyé et la terre doit facilement s’émietter. Côté météo, un temps sec est nécessaire pendant les jours qui suivent le binage afin d'assurer une bonne destruction des adventices déracinées.
Valérie Joulia-Guignard, Ingénieur Conseil Environnement
Région Sud
Diminuer la pression des adventices en amont des stratégies de désherbage
En amont des programmes de désherbage, des pistes de réflexions sont identifiées afin de limiter le salissement des parcelles.
En faisant rapidement de l’ombrage, une variété de maïs à forte vigueur et à port retombant contrarie la croissance des adventices. La réduction de l’écartement entre les rangs de maïs s’inscrit dans ce même objectif grâce à un recouvrement plus rapide de l’inter-rang. Selon les experts agronomiques de la Chambre d’agriculture de Bretagne***, le recouvrement du rang gagne huit à dix jours avec un semis à 50 cm par rapport à 75 cm. Moins serrées sur le rang, les plantes bénéficient d’un meilleur accès à l’eau et aux éléments nutritifs. Le rendement ne baisse pas, voire il s’améliore. Autre effet positif, l’augmentation du nombre de lignes de semis réduit l’érosion en faisant obstacle au ruissellement.
Le semis d’un couvert hivernal limite la levée des adventices en hiver et au printemps. Cette culture intermédiaire améliore la structure du sol, l’enrichit en matière organique et éléments nutritifs. Ainsi, en plus de son intérêt en tant qu’engrais vert, le couvert limite l’érosion et freine le ruissellement, réduisant ainsi le risque de pollution des cours d’eau.
Le succès de cette technique dépend d’une implantation précoce en octobre, laquelle n’est pas toujours compatible avec une récolte tardive du maïs.
Retour d’expérience sur les leviers agronomiques pour gérer les adventices dans le maïs
- Jérôme Sainte-Marie, agriculteur à Lubret Saint-Luc dans les Hautes-Pyrénées et membre du réseau Dephy de la Chambre d’agriculture 65
north_east Jérôme Sainte-Marie cultive 95 hectares sur un sol limoneux . La rotation, de type céréales à paille, soja et maïs est conduite en agriculture de conservation depuis 2002. Les cultures irriguées représentent 43 ha. Jérôme Sainte-Marie a mis en place avec succès ces différents leviers de désherbage du maïs : diminution de l’écartement entre les rangs en 2016, adaptation variétale, implantation de couverts végétaux. Ses conseils : « Pour plus d’efficacité, mieux vaut choisir des variétés bien adaptées à cette densité et combiner plusieurs leviers ». Ces pratiques nécessitent toutefois une réflexion globale au niveau de l’exploitation et l’investissement dans du matériel adapté.
* À savoir sur les captages d’eau potable dits "prioritaires"
En 2009, les ministères du Développement Durable et de la Santé ont établi une première liste de 537 captages dits Grenelle identifiés au titre des pollutions diffuses agricoles (nitrates et phytosanitaires). Cette liste a été complétée en 2013 lors de la Conférence environnementale pour s’établir à 1 114 captages intégrés dans les plans de gestion des Agences de l’eau (SDAGE). Ces captages appelés « captages prioritaires » sont pilotés par le ministère de la Transition écologique pour une démarche de suivi.
** Bulletin technique AGPM Info – mars 2021
*** La France Agricole – 19 mars 2021