Protection fongicide des céréales – retour sur une campagne pas comme les autres

La campagne céréalière 2023 - 2024 a été marquée par des pluies abondantes qui ont impacté les semis d’automne et les programmes de protection fongicide au printemps. Pluie, douceur et faible rayonnement, ces conditions climatiques ont été propices au développement des maladies. Certaines parcelles ont été touchées plus que d’autres. De nombreux agriculteurs ont été surpris par l’explosion des maladies malgré la mise en place d’une protection fongicide habituelle. Voici quelques éclairages sur le contexte de l’année et les leviers à activer pour gérer le risque maladies en céréales.

Septoriose, un risque réel difficile à estimer

La protection contre la septoriose se joue dès la mise en place de la culture, en réduisant le risque maladie par l’adoption des pratiques agronomiques vertueuses. Il est recommandé de mener des actions sur l’inoculum de la parcelle (destruction des repousses de céréales, le broyage et l’enfouissement des résidus de récolte, le travail du sol, la rotation des cultures) et des actions sur la conduite de la culture, comme celles citées plus haut (choix variétal, optimisation des semis …).

En saison, la protection passe par l’observation des parcelles et l’ajustement des pratiques face au risque climatique. Les conditions météorologiques de cette année, avec l’alternance de pluie et de soleil, ont entraîné un très grand nombre de cycles de multiplication de la septoriose dans certaines parcelles, en rendant l’observation et l’ajustement des programmes de protection plus difficiles. En effet, la septoriose a profité d’une pluviométrie régulière et de températures clémentes pour progresser très rapidement. En regardant le cycle d’incubation de septoriose, on peut voir que 2 jours après l’arrivée d’une spore, la colonisation des tissus de la feuille peut commencer. Les pluies régulières ont ensuite disséminé les spores d’étages foliaires en étages foliaires par effet « splashing » et cela en continu pendant plusieurs semaines. Toutes les conditions étaient donc réunies ce printemps pour faire exploser la septoriose comme cela n’a pas été vu depuis de nombreuses années.

Il est important de savoir que des symptômes présents sur les différents étages foliaires sont de bons indicateurs de la pression maladie, alors que l’absence de symptômes sur les feuilles supérieurs ne veut pas forcément dire absence de maladie qui peut être en incubation. Bien connaître le cycle de développement de la maladie est donc primordiale pour mieux la contrôler.

Adapter son programme fongicide à la parcelle

Les conditions météorologiques de cette campagne ont perturbé le cycle de développement de la septoriose et ont globalement impacté l’ensemble de la conduite des blés :

• Les conditions de semis et de croissance du blé ont pu causer l’irrégularité de stades dans les parcelles
• La fréquence et le volume de pluie ont malheureusement souvent empêché de traiter au bon moment
• Les écarts de températures ont eu un impact sur le temps nécessaire pour passer du stade dernière feuille pointante au stade dernière feuille étalée, entrainant parfois des écarts importants entre le T1 et le T2

Cette année, le mauvais état sanitaire de certaines parcelles peut s’expliquer également par le type de programme fongicide choisi :

• Présence ou absence de T1 (biocontrôle ou conventionnel)
• Fongicide choisi au T2
• Présence ou non de relais T3 ciblant également les maladies du feuillage dont la septoriose

Le bon fongicide T2 à la bonne dose

Pour le traitement pivot sur blés (T2) c’est une application au stade Dernière Feuille Etalée (DFE) qui est recommandée car les feuilles F1 et F2 contribuent à 65% au rendement.

Compte tenu du cycle du développement de la septoriose, pour la contrôler efficacement lors du traitement en T2 au stade DFE, l’application d’un fongicide aux propriétés préventives (inhibition de la germination des spores) et curatives (destruction du mycelium à l’intérieur de la feuille) est recommandée.

La dose du fongicide T2 joue aussi un rôle primordial dans la protection. Ce printemps, la dose des fongicides appliqués en T2 a pu être insuffisante dans certaines régions. Bien que les traitements aient pu être appliqués au bon stade, la septoriose était en incubation et il n’a pas été possible de la stopper dans son développement, faute de dose suffisante favorisant la curativité.

A cela se sont ajoutées les conditions « froides » (températures moyennes de 6°C) qui n’ont pas été favorables à la bonne absorption de certains fongicides T2.

La surveillance étroite des parcelles est toujours nécessaire et les doses de traitement fongicides doivent toujours être adaptées aux situations pédoclimatiques et aux sensibilités variétales des parcelles.

Traiter au bon moment

Les bouleversements climatiques de ces dernières années entraînent la réduction des fenêtres de pulvérisation en T2. Quel que soit le département, chaque année, les fenêtres d’intervention pour traiter sont limitées : la pluie, la température et le vent sont les paramètres climatiques très contraignants.

Ce printemps, les conditions climatiques ont encore bien réduit les plages de pulvérisation et de nombreux agriculteurs ont traité quand ils ont pu. Par exemple, dans le département de l’Eure et Loir (28), entre le 1/04 et le 28/05, il est tombé 173 mm avec 39 jours de pluie dont 12 jours à plus de 5 mm, sans oublier les nombreux jours de vent ce qui a fortement perturbé les applications T2.

Les outils d’aide à la décision tels que north_east xarvio^® Field Manager permettent de détecter précocement le risque maladie et de mieux positionner les traitements à l’échelle de la parcelle.

La campagne que nous venons de vivre a confirmé qu’il est indispensable d’adapter le programme de protection fongicide au contexte de chaque parcelle : à la pression parasitaire de l’année, à la sensibilité variétale, au contexte pédo-climatique, tout en intégrant la gestion des modes d’action des fongicides dans la construction des programmes. Le bon produit T2 à la bonne dose et au bon moment est un élément clé de la protection fongicide des blés. Elle se fera idéalement avec les solutions robustes, associant Revysol^® et Xemium^® qui apportent performance et curativité. L’association de Revysol^® et de Xemium^® assure une efficacité sur toutes les populations de septoriose, y compris celles devenues résistantes aux anciennes triazoles. Ces deux substances actives sont efficaces et complémentaires pour gérer durablement les résistances.